Bras de FER au CAP FINiSTERRE
Après une belle séance de rodéo et de sauts-de-moutons, les équipages de la Niji profitent d’une météo plus clémente, appréciée et méritée. « Les dernières 24h ont été toniques à bord de Vogue avec un Crohn. Du vent avec des rafales à 35 nœuds, des vagues, le bateau qui tape et qui mouille, un passage de front comme on les aime », raconte Pierre-Louis Attwell à bord de Vogue avec un Crohn. Mais ce matin, il se réjouit d’annoncer que « la saison des petits déjeuners en terrasse est officiellement ouverte ! »
Un début mouvementé
Ses concurrents ne cachent pas non plus avoir été malmenés dans ces conditions, qui ont malheureusement contraint le bateau italien Tyrolit à se dérouter la nuit dernière à Gijon pour évacuer Giovanni Licursi, victime d’une blessure douloureuse à la cheville. Une mésaventure à laquelle a pu échapper Hugo Picard sur Dékuple, qui s’est aussi légèrement foulé le pied après s’être fait projeter à l’intérieur du bateau alors qu’il déplaçait du matériel à bord.
Plus en arrière, les équipages de Tohu-Bohu (Guillonneau-Boidevezi-Peugeot) et E.Leclerc-Ville-la-Grand (Saliou-Fleury-Polaillon), qui déplorent des pépins techniques (des problèmes d’aérien et une voile devant déchirée), se dirigent à présent vers La Corogne pour effectuer une escale technique. Rappelons que ces arrêts à terre, qui ne doivent pas excéder 96 heures cumulées pour chaque bateau, sont autorisés par les instructions de course sur le parcours entre Belle-Île-en-Mer et Marie-Galante.
Ces incidents illustrent l’intensité de la navigation dans le sud du golfe de Gascogne, qui n’a pas fait mentir sa réputation d’impitoyable garde-barrière des transats d’Est en en Ouest, dont le début est marqué par le passage d’une tempête. C’est donc avec soulagement que les marins, les bizuths d’Atlantique comme les plus expérimentés, progressent ce mardi le long des côtes de la péninsule ibérique. « Cela a secoué la nuit dernière, Ce matin, on s’est réveillé avec les côtes espagnoles juste devant nous. On en profite pour faire sécher les affaires », détaille de son côté William Mathelin Moreau, skipper du tout nouveau Dékuple.
Le double cap de Pep Costa
Mais si ce mardi a une saveur particulière, c’est bien pour l’équipage d’Amarris, le nouveau leader. À bord du bateau bleu, Pep Costa commence cette journée avec la certitude de passer un double cap : le bien nommé Finisterre et celui de ses 25 ans. Un grand jour pour ce jeune et talentueux navigateur Espagnol, qui ne pouvait imaginer plus beau cadeau que celui de souffler symboliquement ses bougies aux avant-postes de la flotte.
Une place dont il partage aujourd’hui toute la valeur avec ses deux acolytes, le Brestois Gildas Mahé et l’Irlandais Tom Dolan. Les trois hommes du bord, toujours parmi les plus rapides depuis le départ, tirent aujourd’hui les bénéfices de leur trajectoire bien inspirée. Légèrement décalée au large, elle leur permet de prendre l’ascendant sur leurs concurrents freinés par les calmes au plus près des côtes. « On est proches de La Corogne et on essaye d’aller au bon endroit. Il y a pas mal de nuages qui perturbent le vent synoptique, cela nous amène à faire des virements un peu dans tous les sens. L’idée est de faire du sud le plus possible avant la bulle, qui arrive sur la pointe, et nous colle à la piste », témoigne ce matin Kéni Piperol à bord de Captain Alternance. Cet après-midi, ce jeune skipper ultra-marin, sélectionné parmi les sportifs invités prochainement dans le cadre du Relais des Océans pour porter la célèbre flamme entre la Guadeloupe et la Martinique à bord du Maxi Banque Populaire XI, tricote sa route en 9è position, à 18 milles de la tête de flotte.
L’équipage d’Amarris dans le match de tête / © Lucie Batteur
Les calmes après la tempête
Ce mardi, les marins ne manquent pas d’occupation pour contourner la bulle anticyclonique qui a pris ses quartiers aux abords de la péninsule ibérique. Et c’est sans compter avec le rail des cargos (ou DST pour dispositif de séparation de trafic). Pas étonnant donc de voir cet après-midi les premiers équipages, à l’image de ceux d’Amarris et de Vogue avec un Crohn, faire route au nord-ouest pour déborder par l’extérieur cet obstacle de taille qui se dresse sur la route. Idem pour leurs plus proches concurrents. Seul pour l’heure, Everial, 7è, à 8 milles de la tête de flotte progresse au plus près de la pointe ibérique. Au jeu des bords à tirer, les classements se suivent et ne se ressemblent pas. À l’heure où nous écrivons ces lignes, Alberto Riva et les siens pointent de nouveau en tête à bord d’Acrobatica. Seule une certitude l’emporte aujourd'hui : la bataille fait rage pour un groupe de six bateaux, qui creuse désormais les écarts avec le reste de la flotte.
Les marins d’Everial au ras des côtes ibériques