433* milles pour un record 

Ce matin, les chiffres des balises de positionnement de la flotte de la Niji40 sont tombés . Ils confirment que les premiers concurrents, progressant dans le sud-ouest des Açores, ont bel et bien affolé les compteurs. En tête, les marins d’Acrobica - Alberto Riva, Jean Marre et Benjamin Schwartz - s’offrent même le luxe de battre le record absolu de vitesse en l’espace de 24 heures, entre le 14 et 15 avril (22h).

Des scows rapides comme des anciens IMOCA

Durant ces 24 heures, les trois navigateurs  progressaient dans des conditions favorables aux excès de vitesse, en sortie de la dépression circulant au milieu de l'Atlantique Nord, dont ils sont allés chercher les vents puissants au portant sur une mer assagie. Les 18,06 nœuds de moyenne maintenus pendant 86400 secondes (24h) par le trio italiano-français confirment que les plus récents Class40 - ces monocoques de 12,19 mètres de types « scow », reconnaissables à leur lignes arrondies -, affichent des performances similaires à celles des IMOCA d’ancienne génération, de 20 pieds plus longs.

Aux côtés d’Alberto Riva, Benjamin Schwartz raconte les circonstances de cette chasse au record  permettant à son équipage  d’améliorer sur l’eau le temps de référence dans le camp des Class40. Rappelons que cette performance doit encore être homologuée par le WSSRC (World Sailing Speed Record Council) pour rentrer aux tablettes officielles.* 

« J'ai navigué en Ultim, en maxi-trimaran sur une tentative de Trophée Jules Verne dans les mers du sud (record absolu de vitesse autour du monde). À un moment, je me suis dit :  la mer est aussi dégueulasse que dans l’Océan Indien (…) Ensuite la houle s'est un peu rangée, allongée ; et c'était bien plus plaisant. Franchement, le bateau s'est super bien comporté. Une fois qu'on a pu mettre un petit peu de charbon et lâcher les watts, le bateau était impressionnant de stabilité dans la conduite. On a fait quelques figures de style, c'est sûr. Mais rien de dangereux. On n'est pas resté couchés une seule fois. Le bateau est super fin et c'était assez plaisant.  On a trouvé des super bons réglages au niveau du pilote automatique. C'était plutôt facile au final ». 

Pause méritée après chevauchée effrénée 

Dans tout le groupe de tête, les images envoyées par les marins, tout comme leurs témoignages évoquant régulièrement des pointes à 27 nœuds et plus, illustrent leur détermination de ces dernières 36 heures, dans des conditions sans répit pour les navigateurs et les bateaux. Mais déjà, sur l’eau, le vent a calmé ses ardeurs et promet de gagner en instabilité au fil des heures. Une pause méritée pour les concurrents après cette chevauchée effrénée.

La dernière tempête cède aujourd’hui le pas à une zone de transition précédant l’arrivée de calmes anticycloniques. Les contourner par le Nord ou par le Sud, c’est toute la question qui occupe aujourd’hui les sept équipages progressant aux abords de la route directe.  Nouvelle ambiance, nouveau décor :  flashés à 19-20 nœuds de moyenne sur quatre heures hier, Acrobatica, survie de Groupe SNEF, 2e à 15 milles, progressent aujourd’hui  à 7-8 nœuds dans une flux de nord nord-est de 10-15 nœuds, sur une houle résiduelle de 2 mètres.  Seul Captain Alternance, dont l’équipage s’occupe de réparer les petits bobos (lattes, voiles) subis à bord,  semble encore en position de pouvoir privilégier une trajectoire plus méridionale aux abords de la route directe.

Deux abandons en 24 heures

Mauvais nouvelle en revanche de la part de l’équipage d’Interaction, qui a rejoint hier le port de Santa Maria aux Açores. Aux prises avec des problèmes récurrents d’électronique, qui les privaient des outils de navigation essentiels, et sans lesquels ils se trouvaient à l’aveugle, les frères Livory et Louise Comont ont finalement pris la décision d’abandonner la course. Leur emploi du temps professionnel ne leur permet pas de poursuivre plus longtemps cette aventure océanique. Un coup dur pour la flotte qui perd, après le forfait hier de Bertrand Guillonneau, skipper-chirurgien de Tohu-Bobu, le supplément d’âme de ces marins  amateurs qui ont tour à tour jeté l’éponge après un épisode de mer éprouvant à plus d’un titre.

Ce mardi, il reste 10 équipages encore en course. Deux d’entre eux, ceux  d’Everial et de Dékulpe, n’ont pas fini de manger leur pain noir à la conquête des alizés qui répondent encore aux abonnés absents. La barre des plus des 1000 milles d’écart avec la tête de flotte est franchie. Les premiers sont toujours attendus, dans six jours, le 22 avril, en baie de Saint-Louis, à Marie-Galante. 

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