SonS du bord, mot du large

Gildas Mahé (Amarris), contacté dans la matinée : « Ça a encore accéléré vers la route des Antilles. Ce contournement de dépression a été un peu musclé. Nous, on a essayé d'y aller tranquille parce qu'après notre escale, on était un petit peu échaudés, refroidis en tout cas (…) Le gymkhana, c'est la bonne expression. J'ai essayé d'écrire un mail plusieurs fois et qu'à chaque fois, le mail sautait !  On a fait du bon surf sous le gennak à 24,9 nœuds cette nuit.  Les records du bateau, on ne les a allègrement faits sur cette course. L'autre jour, on a dû faire 27,28 nœuds, ou un truc comme ça. 

Cette nuit, on avait le casque à bord, et il y a aussi une ceinture de sécurité qu'on a installée dans le siège de veille. Du coup, c’est pas mal dans les plantés, quand ça va vite, ça permet de sécuriser un peu les choses.
On a quand même beaucoup de retard sur le premier, donc on a une opportunité de diminuer l'écart avec la prochaine dorsale qu'il y aura devant nous. C'est une petite phase de molle avant de repartir au portant. Ça va vite en arrivant par derrière avec le vent. On va jouer jusqu'au bout, on jouera ce qu'on peut. On comptera les points à l'arrivée. Maintenant, notre escale technique nous a bien savonné la planche. C'est le jeu de la course, c'est un sport mécanique, mais s'il y a des opportunités à saisir, on les saisira. La route des Antilles, elle n'est pas toute simple.
Là, on a la houle qui est en plein arrière, donc ça nous permet de bien démarrer. Il fait encore gris, mais on se rapproche de l'anticyclone. On va clairement vers de l’amélioration. » 

Pierre Le Boucher (Groupe SNEF) : « Les vagues étaient assez impressionnantes. Je n'ai jamais vu ça. On a fait une pointe à 29 nœuds et sinon on est arrivé à être stabilisé à 25 nœuds. La mer devient très, très dure à cette vitesse-là. Déjà dans le bateau, c'était un peu invivable, mais ça, ce n'était pas trop le problème. On n'avait pas envie de casser la structure du bateau, garder le mât.

Après, une fois que le plus gros est passé, ça a commencé à faiblir un peu et on a pu renvoyer le geenaker. On l'a renvoyé, je pense autour de 30 nœuds. Acrobatica ils l'ont envoyé quand il y avait 35. Et là, ça allait vite parce qu'on était un peu plus travers aux vagues, on ne descendait pas la pente tout droit, on ne faisait pas des gros plantés. C'était vraiment chouette, très humide, mais c'était vraiment chouette. Donc voilà on est sortis indemnes de ça.

La vie à bord, c'était un peu dur parce qu'on peut pas se déplacer. On est obligés de rester accroupis ou à genoux, ça bouge trop. Donc, tu vois, ce n'est pas simple pour s'alimenter. Tout est compliqué. Pour dormir, c’est pareil. C’est comme si on te mettait dans un manège qui tourne dans tous les sens et on te dit: vas-y, dors. On va dire qu'à l'arrière du bateau, à la barre, le poste de bord, c'était le moins désagréable au niveau des sensations. Par contre, t’es trempé. Là, c'est cool. On va se requinquer, on va se ralimenter, on va redormir. On sera d'attaque pour les transitions qui arrivent… »

Sophie Faguet (Vogue avec un Crohn), extrait d’un message reçu le 15 au soir : « A cette question pas trop dure cette nuit ? On a du mal à savoir c'était quand la dernière fois où c'était facile. La nuit dernière, nous avons finalement renvoyé un peu de charbon et de la toile avec le A6, fidèle compagnon dans ces conditions dantesques. Il a fini par souffrir d'une petite blessure comme mon doigt qui s'est approché trop près d'un winch en voulant récupérer un départ au tas mal réveillée. L' A6 est rangé, et moi sous "drogues douces" ! (…)
Maxime fait parler son expérience de surfeur à la barre durant de longues sessions, il est plutôt de l'après midi, moi du matin, et Pilou s'est aussi pris au jeu. On ne sait pas bien combien de milles nous aurons parcouru ces derniers jours, mais ça cravache sévère. La vie à bord c'est la cata, mais tous nos espoirs sont toujours tournés vers l'accalmie qui devrait nous rejoindre bientôt.  Nous vivons H24 en cirés, et dormons parfois même avec les gilets. Quant au casque, il est de mise pour celui qui s'occupe du rangement de spi à l’étrave du bateau. Une chose est certaine, après quelques jours de gainage intensif, nous sommes forcément reconnaissants à notre coach préféré Stéphane Eliot de si bien nous préparer. Allez, à très vite sous le soleil - 15 noeuds - mer plate. »

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Resserrement des troupes à l’arrière de la dépression tropicale

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433* milles pour un record